LÀ OÙ Y’A DE LA GÉHENNE… (SUITE)

Satanik # 19, juin 1967. Le dernier numéro à paraître en français de l’affreux squelette italien.
En réalité, les numéros 20, 21 et 22 furent tirés à quelques exemplaires afin d’être examinés par la commission de censure (comme cela était de coutume à l’époque) mais ne furent jamais distribués – Anastasie et ses ciseaux en ayant décidé autrement.
Je les ai récemment vu proposé sur un site de vente en ligne à un prix à vous faire regretter de ne pas être dans les petits papiers de madame Bettencourt. Il semblerait néanmoins qu’un acquéreur se soit rapidement fait connaître.
Heureux homme.

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Mais revenons-en à ce fort commun numéro 19. Inutile de résumer l’affaire. La série repose sur un systématisme heureux. D’un numéro à l’autre, toujours la même chose. Satanik affronte une bande de malappris tout en échappant aux forces de l’ordre, bousillant sans sourciller gonzes et nénettes, ponctuant ses actes homicides d’une phrase bien sentie – « un salaud de moins sur terre » – « tu as ton compte, charogne » – le tout dans un noir et blanc aux éclairages violents.
Nocturne pour Satanik. « Le crime sans la nuit ne serait pas la nuit » disait Bataille, « mais, fût-elle profonde, l’horreur de la nuit aspire à l’éclat du soleil. »
Ici, l’éclat d’une ampoule flash révèle le criminel masqué s’adonnant à son passe-temps favori : le supplice façon garçon-boucher de filles dévêtues.

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À la toute fin du numéro, après quelques dessins humoristiques (?), diverses photos de starlettes plus ou moins connues et le traditionnel article sur la torture à travers les ages, viennent les deux pages du courrier des lecteurs. Un anonyme y écrit à son idole : « j’ai lu toutes tes aventures, depuis le premier numéro. Elles sont faites intelligemment et se lisent facilement, pourtant j’aimerai te demander une faveur: pourrait-on voir les femmes qui apparaissent dans tes livres avec des bas et des porte-jarretelles ? »
Réponse de l’intéressé : « Cher lecteur affectionné, j’accepte ton conseil et maintenant je ferai mettre des bas et des porte-jarretelles aux femmes avant de les buter. »
Charmante attention. Mais Satanik a-t-il tenu parole ? Seuls les possesseurs des trois numéros suivants le savent.

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INTERLUDE EN STRIP SYNCOPÉ

Ah ! ces bons vieux photo-romans italiens à la sauce krimi-ringarde, avec ces gonzes mastards à faussette au menton qui se bigornent sec la trombine, ces enquêteurs miteux qui traînent leurs déductions comme d’autres leur gueule de bois et ces girondes petites mousmées qui se déloquent à l’improviste pour le plus grand plaisir de l’internationale des pervers-zieuteurs que nous autres, bibliophages d’occase, constituons.

Ce sujet-là, c’est un peu la manne du Müller-Fokker, et les billets du vieux blog seront peu à peu transferés ici, qu’il s’agisse de l’art de la galanterie en trois cases chrono, du placement exact d’un poing velu dans une tronche veule, de l’usage récréatif de la boule de pétanque chez les cow-boys alcooliques et autres précisions question barabille sanglante et rififi photogénique, cette vitamine de la rétine.
Bref, de quoi sérieusement s’occuper.
Mais tout d’abord, les mèques, place à Béryl, une chouette pépée bien comme il faut, ex-effeuilleuse au Club Mickey et amatrice devant l’éternel de go-go-dancing à loilpé sur jerk explosif maxi-électrique.
Go baby go !

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La suite au prochain épisode !

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JEAN-CLAUDE FOREST / MAGICIENNES / 1967

On savait Jean-Claude Forest brillant touche à tout. Pour les couvertures de la revue Fiction, entre deux illustrations aux techniques plus classiques, le papa de Barbarella s’essayait à des collages saugrenus et baroques, sortes de transcriptions par l’image d’un univers à la Natalie-Charles Henneberg.FOREST_PLEXUS
Pour l’émission télévisée Dim Dam Dom, accompagné d’André Ruellan, son beau-frère, et de Serge Gainsbourg, il se frottait à l’animation avec la belle Marie Mathématique.
Et pour la revue Plexus, petite sœur sexualisée du Planète de Bergier et Pauwels, il s’attaqua au photo-roman (ou roman-film) le temps d’une carte blanche de 21 pages.
Ce fut à l’occasion du numéro 9. Le sommaire est alléchant (Sternberg, Tito Topin, Lo Duca, San-Antonio) et la date révélatrice : 1967.
Roger Vadim n’a pas encore donné le premier coup de clap au strip-tease en apesanteur de Jane Fonda que Jean-Claude Forest transpose déjà ses délires sur pellicule, substituant à l’amazone spatiale des magiciennes cosmiques et un Mandrake in disguise.
Fumigènes, patins à roulettes, apparitions démentes, bath costumes à la Rabanne et terrain vague psychérotique…

« … Comprenez-vous à présent quels dangers se cachent derrière les miroirs à minettes, et sous les accents du crypto-jerk ? »

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