(Ces trois photographies, signées Daniel Frasnay, proviennent d’un petit livre de poche néerlandais récupéré dans une poubelle : Nachten van Parijs – éditions Bruna & Zoon, 1958.)
Rita Renoir – « ce personnage de l’excès, actrice d’un érotisme sauvage autant que flamboyant » (les citations seront de Jean-Pierre George)- est décédée peu avant l’été, au début du mois de mai. Elle avait 82 ans et si l’état civil la pointait sous le nom de Monique Bride-Etivant, ses amateurs la connaissaient surtout comme « la reine » ou « la tragédienne » du strip-tease.
« C’est qu’elle avait quelque chose en plus, comme on dit des toreros qu’ils ont le duende, qui fit qu’on pût alors, la voyant sur scène, considérer le strip-tease comme un des beaux-arts. »
À défaut de révéler l’essentiel, les diverses dépêches journalistiques passèrent en revue les habituels lieux communs : Que Rita Renoir fut la vedette du Crazy Horse Saloon d’Alain Bernardin dans les années 50, qu’elle joua dans Le désert rouge de Michelangelo Antonioni et qu’elle accompagna Michel Simon sur scène dans le western parodique de René de Obaldia, Du vent dans les branches de sassafras.
L’établissement d’une notice nécrologique n’étant pas mon registre de prédilection, je m’abstiendrai d’en rajouter une louche.
Le lecteur intéressé et curieux pourra par contre se procurer le livre de Jean-Pierre George, Le Diable et la Licorne, paru en 2004 aux éditions de la Table Ronde. Le bandeau en couverture annonce que nous avons affaire là à une « Métaphysique du Strip-Tease. » Aucune tromperie sur la marchandise, l’ouvrage est essentiel.
Usant de la belle langue de son siècle, cet éphémère compagnon de route des Situationnistes dépeint ainsi une époque où « les temps n’étaient pas encore postmodernes », évoque quelques figures qui le marquèrent durablement (le théoricien marxiste Henri Lefebvre, Guy Debord, Roger Vailland), affirme son goût du négatif – « contre, absolument » – mais surtout, raconte son histoire d’amour fou avec celle qu’il surnomme tantôt la Licorne, tantôt L.M. – pour Lady Macbeth ou Lady Madonna : Rita Renoir.
Et, songeant à cette dernière après leur rupture, de citer ces vers de Georges Bataille :
« La nuit est ma nudité
les étoiles sont mes dents
je me jette chez les morts
habillé de blanc soleil. »